l'age de vos hormones

kurt

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L’âge de vos hormones (01 Fevrier 2000)

La DHEA est l’hormone stéroïde la plus abondante dans le corps humain. Elle est issue de la pregnenolone et est convertie en œstrogènes (femmes) et testostérone (hommes). Les nouveaux nés ont des taux extrêmement élevés de DHEA, qui vont très rapidement diminuer après la naissance, avant de s’élever à nouveau vers l’âge de 6 - 8 ans. La production de DHEA atteint un maximum vers 25 ans et diminue ensuite progressivement d’environ 2% par an. A 80 ans, nos taux de DHEA sont d’environ 15% de ceux à 25 ans. A 90 ans, ils ne sont plus que de 5% (Dr Orenstrich, 1992). Cette hormone a une évolution si parallèle au vieillissement humain que certains l’ont même proposée comme marqueur biologique du vieillissement.

Certains pensent donc naturellement que bon nombre de changements dégénératifs liés au vieillissement seraient liés à un déficit en DHEA. De nombreuses études ont montré que les taux sériques de la DHEA et de son sulfate diminuent progressivement avec l’âge. Cette décroissance est isolée, car les minéralocorticoïdes et les glucocorticoïdes restent relativement stables avec le vieillissement. L’explication de cette baisse des concentrations plasmatiques de DHEA n’est pas encore bien identifiée (baisse de la production, augmentation de son excrétion ou les deux). La régulation de la synthèse de la DHEA reste encore mal connue.

L’asthénie est la première cause de prescription de DHEA aux Etats-Unis. Avec ce regain d’énergie, les patients signalent un bien-être psychique et physique. Leur sommeil est amélioré, et certains patients voient leurs douleurs rhumatismales diminuées, sans effets indésirables.

L’étude «Massachusetts Male Aging Study», portant sur la sexualité des hommes entre 40 et 70 ans, a montré qu’il existait une corrélation entre les taux circulants de DHEA et l’impuissance. Parallèlement, on connaît l’action bénéfique de la DHEA sur la sexualité. En effet, celle-ci est transformée en testostérone, qui est bien connue pour augmenter la libido dans les deux sexes. Mais la sexualité est une interaction subtile entre le physique et le psychique. La DHEA favorisant le sentiment de bien-être, augmentant l’énergie, luttant contre la dépression, ne peut que jouer favorablement sur la libido.


La mémorisation est un phénomène complexe nécessitant concentration et intégrité des systèmes neuronaux. La mémorisation implique la création de nouvelles synapses dans le cerveau. Le Dr Eugene Roberts (Californie, USA) a montré que la DHEA favorisait la croissance et les interconnections entre des neurones mis en culture cellulaire. D’autre part, la DHEA injectée à des souris âgées, leur permettait d’augmenter significativement leurs capacités mnésiques (rendues identiques aux performances des souris jeunes qui constituaient la population témoin). De nombreuses expériences (National Institute on Aging) ont actuellement lieu aux Etats-Unis afin de connaître l’impact de la DHEA sur la perte mnésique de la maladie d’Alzheimer.

La DHEA semblerait jouer le rôle d’un agent inhibiteur de la carcinogénèse. C’est en 1974, que le Dr Schwartz a étudié les propriétés de la DHEA sur la maladie cancéreuse. D’après lui, la DHEA protégerait l’organisme contre de nombreuses substances cancérigènes et empêcherait le développement initial de cancers. Les mécanismes d’apparition et de développement des cancers sont complexes. Le mode d’action de la DHEA n’est pas encore bien élucidé, mais certains auteurs pensent que celle-ci agirait en inhibant des enzymes telles que la glucose 6 phosphate déshydrogénase (G6PD). Les radicaux libres sont la conséquence inévitable du mécanisme énergétique aérobie qui nous permet de vivre. Ces radicaux libres vont ensuite attaquer et altérer les membranes cellulaires et le génome contenu dans le noyau cellulaire. L’altération du génome peut conduire à la survenue de mutations responsables d’une croissance cellulaire incontrôlée pouvant constituer le point de départ d’un cancer.

La DHEA réduit les taux de cholestérol circulant, probablement en augmentant la capacité du foie à métaboliser les graisses. Après la ménopause, le cholestérol des femmes a tendance à augmenter et rapidement, elles rejoignent les hommes quant aux risques de maladies cardio-vasculaires. L’ingestion de DHEA a permis une chute d’environ 10% du cholestérol circulant après trois mois de traitement. A chaque diminution de un pour cent du cholestérol correspond une diminution de 2% du risque de développer une maladie cardio-vasculaire. La DHEA favorise la diminution des taux plasmatiques de LDL-cholestérol particulièrement athérogène. Une des autres explications possibles est l’insulino-résistance. Le Dr John Nestler a montré que les taux d’insuline et de DHEAsont inversement corrélés. En vieillissant, nos taux plasmatiques d’insuline augmentent et ceux de DHEA diminuent. La régulation des taux d’insuline permet une augmentation de la DHEA circulante. Les radicaux libres peuvent endommager les LDL, qui vont être détruites par des cellules spécialisées, à l’origine des cellules spumeuses. Celles-ci vont être à l’origine de la plaque athéromateuse. La DHEA, en prévenant l’apparition des radicaux libres, va arrêter ce phénomène avant qu’il ne prenne de l’importance.

Le Dr Coleman a montré que des souris génétiquement prédisposées au diabète et à l’obésité, mais traitées par la DHEA, ne développent ni l’un, ni l’autre.

Une trop forte réactivité des plaquettes peut conduire à des thromboses dans l’organisme. Lorsque l’on met du sang dans un tube à essai, on assiste à une agrégation des plaquettes. L’adjonction de DHEA permet de diminuer ce phénomène. On peut donc penser que la DHEA peut avoir un rôle anti agrégant plaquettaire et donc participer à la lutte contre les thromboses artérielles responsables d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus.


Différentes expérimentations sur des souris ou des chiens montrent que la DHEA favorise la perte pondérale, même sans régime particulier. En revanche, l’association à la DHEA d’un régime hypocalorique permet, chez des chiens obèses, de doubler le pourcentage de poids perdu par mois (10% contre 5%). Environ 10% des animaux étaient «non répondeurs» à la DHEA. Ceux-ci étaient alors considérés comme des “obèses maladifs”. Tout se passe comme si la DHEA rendait l’organisme moins efficace pour la conservation énergétique et favorisait ainsi une certaine déperdition. Une autre hypothèse, consiste à penser que la DHEA inhibe la formation des acides gras qui constituent la forme de stockage des calories dans l’organisme. Enfin, la DHEA se comporte comme un réducteur de l’appétit.

La DHEA semble un adjuvant intéressant à l’hormonothérapie substitutive. Plusieurs études aux Etats-Unis sont actuellement en cours afin de déterminer si la DHEA ne peut se substituer à l’hormonothérapie classique. Le Dr Pierre Diamond, au Canada, a fait bénéficier des femmes ménopausées d’un traitement à base de DHEA sous forme de crème à appliquer quotidiennement. Il a pu observer une réduction des taux plasmatiques de glucose et d’insuline, une modification de l’index de masse corporelle au profit de la masse maigre (muscle), une augmentation de la densité osseuse, une diminution modérée du cholestérol plasmatique et une amélioration de la trophicité vaginale.

L’augmentation de la densité osseuse peut être expliquée par l’action inhibitrice de la DHEA sur l’interleukine 6, hormone qui stimule l’activité des ostéoclastes. En vieillissant notre peau s’assèche, devient flasque et prurigineuse. Ceci est plus particulièrement vrai pour les femmes ménopausées. La sécheresse cutanée est le résultat d’une diminution de la production locale de sébum. La substitution en DHEA restaure l’activité des glandes sébacées et atténue les effets du vieillissement sur la peau.

L’œil sec est aussi une affection qui devient de plus en plus fréquente avec le vieillissement (plus particulièrement chez les femmes). Le port de lentilles de contact devient d’ailleurs impossible. Le Dr Zeligs a montré une nette amélioration de la sécheresse oculaire en utilisant un collyre à base de DHEA.

Il n’existe actuellement que deux méthodes qui ont prouvé de façon indiscutable leur action sur le vieillissement : la restriction calorique et la mélatonine. Des études sont en cours pour évaluer le rôle propre de la DHEA sur la longévité. Les nombreux témoignages de médecins et de patients, ainsi que les études publiées, montrent l’indiscutable intérêt de cette molécule sur la qualité de vie.


La Pregnenolone
La pregnenolone est synthétisée à partir du cholestérol dans le cerveau et les surrénales. La production de pregnenolone diminue avec l’âge. A 75 ans, nous produisons 60 % de pregnenolone de moins qu’à 30 ans.

Dès les années 1940, la pregnenolone a été testée sur des étudiants afin de voir s’il existait une amélioration de leurs capacités à apprendre et à mémoriser. D’autres chercheurs (Massachusetts University) ont étudié les modifications des performances psychomotrices chez des volontaires sains. L’amélioration des performances était considérable.

Mais de nouveau, la pregnenolone suscite l’intérêt des chercheurs. Le Dr Sih Rahmawhati à l’University School of Medicine de Saint Louis (USA) a réalisé un certain nombre d’expériences qui ont montré que l’administration de pregnenolone pouvait améliorer les capacités psychomotrices. Curieusement, cette amélioration portait sur des points différents selon les hommes (tests visuo-spatiaux) et les femmes (tests des mots).

Mais pourquoi prendre de la DHEA, des œstrogènes, de la testostérone, alors que nous pourrions plus simplement prendre leur précurseur : la pregnenolone ? Le déclin de la synthèse en DHEA est dû à la raréfaction de l’enzyme transformant la pregnenolone en DHEA. Si donc nous prenons une supplémentation en pregnenolone, nous n’obtiendrons pas d’augmentation de la synthèse de DHEA, car le déficit siège au niveau de la synthèse de cette molécule. La carence de l’enzyme permettant la transformation de la pregnenolone en DHEA, rend impossible la correction du déficit en DHEA par l’augmentation des apports en précurseur. D’autre part, il est probable que la supplémentation en pregnenolone seule favorise la synthèse de corticostéroïdes, hormones du stress. La DHEA est connue pour atténuer les effets du stress en modérant ceux-ci. Il parait donc tout à fait justifié d’associer de la DHEA à la pregnenolone.
 

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La Mélatonine
L’homme sécrète cinq à dix fois plus de mélatonine la nuit que le jour (sécrétion maximale vers 2 à 3 heures du matin). Les études expérimentales menées par de nombreux laboratoires dans le monde laissent fortement penser que cette étonnante hormone est l’une des substances les plus polyvalentes et les plus puissantes de l’organisme. On la retrouve chez tous les animaux et toutes les plantes étudiés à ce jour, de l’homme à l’algue unicellulaire la plus primitive qui évoluait il y a plus de trois milliards d’années. Dans chacun de ces organismes, la structure moléculaire de la mélatonine est identique. La mélatonine se distingue également par le fait que dans toutes les formes de vie dans lesquelles on a pu l’étudier, elle est sécrétée selon le même rythme circadien (dont la durée s’étend plus ou moins sur une journée), à des taux plus élevés durant la nuit que pendant la journée.

1953 : Le Dr Aaron Lerner, dermatologue de Yale, découvre la mélatonine (il cherchait l’hormone responsable de l’éclaircissement de la peau chez l’homme atteint de vitiligo).

1964 : Le Dr Russel Reiter et le Dr Roger Hoffman font leurs premiers travaux sur la mélatonine par le biais de leurs travaux sur l’hibernation. Ils apprennent que la mélatonine déclenche la saison de l’accouplement chez le hamster.

1970 : Le Dr Ferdinando Anton Tay étudie l’activité électrique cérébrale, la respiration et les battements de cœur chez 11 volontaires. Il leur injecte ensuite de la mélatonine. En l’espace de quelques minutes, l’activité cérébrale des sujets commence à faiblir, signe de tranquillité. Peu après, la plupart d’entre eux sont profondément endormis. Au réveil : sensation de «bien-être et de relative allégresse».

La sécrétion de mélatonine varie considérablement au cours de la vie. Les nouveau-nés en produisent très peu jusqu’à l’âge d’environ trois mois. Il se trouve que cet âge correspond au stade du développement auquel ils commencent à dormir plus longtemps la nuit et à être davantage éveillés durant la journée. On a donc commencé à soupçonner la mélatonine d’être la cause sous-jacente de cette régularité. Une fois que les bébés sécrètent un fort taux de mélatonine la nuit, leur stimulateur hormonal leur permet de distinguer le jour de la nuit. Les jeunes enfants produisent des quantités croissantes de mélatonine jusqu’à l’âge d’environ un an. Leurs taux de mélatonine nocturnes se stabilisent ensuite jusqu’à la puberté où ils chutent considérablement pendant environ cinq ans. Les études les plus récentes laissent penser que les taux de mélatonine et la maturité sexuelle sont étroitement liés. Ainsi, les enfants qui tardent à devenir pubères, présentent des taux plus élevés de mélatonine dans le sang.


La sécrétion de mélatonine diminue inexorablement avec l’âge. Une personne de soixante dix ou quatre vingt ans présente parfois des taux si faibles qu’ils sont indétectables. Un certain nombre d’hormones diminuent avec l’âge, notamment la testostérone, l’hormone de croissance, et la DHEA (précurseur des hormones sexuelles). La perte graduelle de ces hormones était autrefois considérée comme une conséquence du vieillissement. Aujourd’hui, de nombreux auteurs commencent à penser que les carences hormonales contribuent au processus du vieillissement et que leur substitution peut prolonger la longévité. De toutes les hormones, la mélatonine apparaît cependant détenir le plus fort potentiel «anti-âge».

1984 :Le Dr Georges Maestroni, directeur du Centre de pathologie expérimentale de Locarno, en Suisse injecte de la mélatonine à des rongeurs sains afin de voir si celle-ci accroît leur réaction immunitaire. Son équipe constitue alors deux groupes de dix individus. Les premiers reçoivent une dose de mélatonine tandis qu’on administre aux autres une solution saline inactive. Le lendemain, toutes les souris reçoivent des cellules de mouton, que leur système immunitaire doit identifier comme des corps étrangers à combattre. Les souris traitées par la mélatonine présentent un taux supérieur de 133% de cellules immunitaires actives à celui des autres souris. Il démontre ensuite, avec le Dr Conti, que la mélatonine permet aux souris de lutter contre un virus mortel, qu’elle neutralise les effets toxiques de la chimiothérapie et qu’elle peut prévenir le diabète de type I.

La mélatonine est essentiellement sécrétée pendant la nuit. Vers deux ou trois heures du matin, au moment où nous produisons le plus fort taux de mélatonine, le nombre des cellules immunitaires s’accroît de manière considérable dans le sang, renforçant les défenses contre le cancer, les virus et les bactéries. La mélatonine contribue également à fortifier le système immunitaire dans les conditions difficiles telles que les infections virales, le stress émotionnel, les traitements à base de médicaments immunodépresseurs ou le simple vieillissement.

D’après certains auteurs, elle sera bientôt prescrite pour accélérer la cicatrisation des plaies, renforcer l’efficacité des vaccins, combattre le rhume et la fièvre, neutraliser les effets secondaires de la chimiothérapie, compenser l’immunodépression liée aux interventions chirurgicales ou stimuler les systèmes immunitaires vieillissants.

La fonction d’antioxydant de la mélatonine a été découverte par le Dr Russel Reiter. L’équipe de Reiter exposa une solution diluée d’eau oxygénée aux rayons ultraviolets d’une lampe solaire. Ils découvrirent que la mélatonine anéantissait une importante proportion de radicaux libres. Il s’agit probablement de l’élément le plus actif et le plus polyvalent de cette catégorie. Elle est en effet deux fois plus puissante que la vitamine E, cinq fois plus efficace que le glutathion et cinq cents fois plus active que le DMSO. En 1993, Reiter a découvert que la mélatonine est le plus puissant et le plus polyvalent de tous les antioxydants connus. Cette découverte pourrait avoir de très importantes répercussions sur la santé et l’espérance de vie de l’homme.


La mélatonine réduit le taux de cholestérol et la tension artérielle ainsi que le risque d’arythmie cardiaque. Une étude pilote a ainsi montré que cette hormone soulage l’hypertension en l’espace d’une semaine, sans entraîner d’effets secondaires.

De nouvelles observations nous poussent à penser que la mélatonine joue un rôle dans les mécanismes de défense contre le cancer. Un certain nombre de travaux ont mis en évidence que les animaux protégés à l’aide de mélatonine ne développent pas la maladie lorsqu’on leur injecte une puissante substance cancérigène. Cette hormone peut aussi ralentir la progression du cancer. Des études in vitro ont démontré qu’elle inhibe le développement d’un certain nombre de cellules cancéreuses humaines, notamment dans le cas du cancer du sein, du cancer des poumons, du cancer du cerveau, du mélanome et, plus récemment, du cancer de la prostate. Cette découverte commence à faire l’objet d’essais sur l’homme. Jusqu’à aujourd’hui la mélatonine a permis de prolonger la vie et d’en améliorer la qualité chez des centaines de malades incurables.

La mélatonine semble agir encore plus efficacement contre le cancer lorsqu’on l’utilise en parallèle avec d’autres thérapies. Dans le cadre d’études pilotes menées en Europe, on a constaté qu’elle accroît les effets de pratiquement toutes les formes de traitements anticancéreux, dont la chimiothérapie, la chirurgie, l’immunothérapie et la radiothérapie. Quand ces thérapies s’accompagnent de prise de mélatonine, on assiste à un plus grand nombre de rémissions complètes des tumeurs que lorsqu’elles sont employées seules. La majorité des malades vivent en outre plus longtemps, éprouvent moins d’effets secondaires et jouissent d’une meilleure qualité de vie.

En 1985, Georges Maestroni et deux de ses confrères entreprirent l’expérimentation animale qui allait fournir les premiers éléments concluants concernant la capacité de la mélatonine à prolonger la vie. L’expérience porta sur vingt souris âgées de dix neuf mois. Les chercheurs répartirent les rongeurs en deux groupes avant de les placer dans des cages identiques. Ces derniers furent nourris de la même manière et exposés aux mêmes facteurs ambiants. L’unique différence tenait au fait que chaque soir, dix d’entre eux recevaient une infime quantité de mélatonine (mélangée à leur eau). A ce stade avancé de leur vie, les souris produisaient très peu de mélatonine. Il s’agissait donc de l’équivalent d’une hormonothérapie substitutive. Cinq mois plus tard, les expérimentateurs constatèrent une différence frappante entre les deux groupes. Les souris qui buvaient de l’eau pure présentaient les habituels signes de vieillissement : elles avaient perdu du poids, leur rythme s’était ralenti, elles commençaient à adopter une position typiquement voûtée et leur fourrure dépérissait. Elles présentaient en fait tous les stigmates du vieillissement. En revanche, les animaux qui avaient bénéficié de la prise de mélatonine étaient demeurés charnus, avaient conservé un poil luisant et restaient actifs. Un mois plus tard, les souris du premier groupe commencèrent à mourir l’une après l’autre, tandis que les autres continuaient à prospérer. Lorsque le dernier rongeur fut mort, les chercheurs calculèrent que la longévité s’élevait en moyenne à 752 jours pour le premier groupe, ce qui est habituel pour cette race de souris, contre 931 jours pour les rongeurs traités à la mélatonine, soit vingt pour cent d’augmentation de la durée de vie.


D’après le Dr Reiter, en neutralisant les radicaux libres, la mélatonine peut prévenir ou réduire la gravité d’une pléiade d’affections, dont le cancer, la maladie d’Alzheimer, l’arthrite, la maladie de Parkinson, etc.

Elle peut aussi, en neutralisant les effets du vieillissement sur le système immunitaire, nous fournir une protection supplémentaire contre le cancer, les virus, les bactéries et les parasites. En rajeunissant notre architecture du sommeil, la mélatonine nous permettrait de profiter au mieux du repos réparateur nocturne. En prenant une faible dose de mélatonine le soir, nous pourrions stabiliser nos rythmes circadiens, contribuant à compenser le vieillissement de notre horloge interne. Ainsi nous pourrions maintenir tous nos rythmes biologiques en harmonie. Enfin, les compléments de mélatonine pourraient contribuer à entretenir le système cardio-vasculaire. Compte tenu de son action contre les radicaux libres et de la protection qu’elle offre au cœur, il est possible que la mélatonine réduise la tension artérielle et, par conséquent, le risque de maladie coronarienne.

Les mécanismes possibles sont la réduction des dommages entraînés par les radicaux libres, la stimulation du système immunitaire, la protection du système cardio-vasculaire, la stabilisation des rythmes biologiques, le rétablissement du cycle nocturne du repos réparateur et la stimulation de la sécrétion de l’hormone de croissance.

Une des stratégies habituellement proposée pour augmenter l’espérance de vie consiste à réduire le nombre de calories ingérées. Si on limite la prise de calories de soixante pour cent chez les jeunes animaux, ces derniers vivent jusqu’à cinquante pour cent plus longtemps que les autres. En outre, ils souffrent moins de maladies dégénératives et semblent plus jeunes, même à un âge avancé. L’efficacité de la restriction calorique repose peut-être, sur sa capacité à stimuler la sécrétion de mélatonine de l’organisme. En 1991, Reiter a mesuré les concentrations de mélatonine de trois groupes de rats : (1) des individus âgés ayant libre accès à la nourriture, (2) des sujets vieillissants soumis à un régime à basses calories et (3) des jeunes nourris librement. Comme nous pouvions l’escompter, les vieux rats normalement alimentés sécrétaient beaucoup moins de mélatonine que les jeunes. La baisse de sécrétion liée au vieillissement a été constatée dans pratiquement toutes les études consacrées jusqu’ici aux animaux ainsi qu’à l’homme. Toutefois, les sujets âgés sous alimentés sécrétaient deux fois plus d’hormone que leurs pairs. Ils en sécrétaient presque autant que les rats cinq fois moins vieux. Ce qui porte à croire que l’alimentation hypocalorique va de pair avec la préservation de la sécrétion de mélatonine. D’autres éléments ont été fournis dans ce sens par une étude publiée en 1978. L’expérience avait consisté à retirer l’épiphyse de rats âgés ayant été soumis à un régime à basses calories, puis à la comparer à celle de vieux rongeurs normalement alimentés ainsi qu’à celle de très jeunes sujets. Les glandes pinéales des rats privés de nourriture ressemblaient à celles des jeunes animaux, présentant «un considérable retard de la perte cellulaire».



Au moins quatre études ont montré que les femmes sécrètent plus de mélatonine que les hommes. En France, 1985, sur sept cent cinquante sept personnes hospitalisées, les femmes sécrètent en moyenne vingt cinq pour cent de plus de mélatonine que les hommes. Le Suédois Lennart Wetterberg, a montré en 1993 que sur trois cent vingt et un sujets sains, les femmes sécrétaient environ vingt pour cent de plus de mélatonine que les hommes. On peut se demander si le facteur de longévité féminine n’est pas lié à une concentration supérieure de mélatonine.

En 1993, des gérontologues italiens ont étudié le fonctionnement mental de vingt deux personnes âgées et de treize adultes plus jeunes. Ils ont découvert une nette corrélation entre la sécrétion de mélatonine et l’acuité mentale. Meilleures étaient les performances des patients aux tests, plus leurs taux de mélatonine étaient élevés. Un an plus tard, un groupe de chercheurs japonais obtenait des résultats similaires : les personnes âgées en bonne santé sécrétent plus de deux fois plus de mélatonine que les sujets du même âge atteints de la maladie d’Alzheimer. Un des mécanismes évoqués est le rôle délétère des radicaux libres pouvant provoquer des lésions neuronales caractéristiques de la démence de type Alzheimer. Etant donné que la mélatonine est le plus puissant et l’un des rares antioxydants de l’organisme à pouvoir franchir la barrière hémato-encéphalique, un sujet présentant une déficience de cette hormone protectrice risque de souffrir de plus importantes lésions cérébrales dues aux radicaux libres. Par ailleurs, comme l’a montré l’équipe du Dr Reiter, la mélatonine entraîne une hausse considérable de la glutathion peroxydase, autre antioxydant vital pour la protection du cerveau.

La mélatonine entretient des liens très complexes et encore méconnus avec l’hormone de croissance. La majorité des expériences laissent entendre que la mélatonine exercerait une action stimulante sur la production d’hormone de croissance. Dans l’une des études les plus récentes, huit hommes adultes auxquels on avait administré dix milligrammes de mélatonine dans la journée, ont vu leurs taux d’hormone de croissance légèrement augmenter. Lorsqu’on leur administrait la mélatonine avant l’hormone qui stimule l’hormone de croissance (GHRH), les taux de cette dernière doublaient.

La nouvelle concernant l’efficacité de ce somnifère naturel s’est répandue lors de la publication, fin 1993, des résultats d’une étude menée par le MIT (Massachusetts Institute of Technology). Les travaux des chercheurs montraient que l’absorption, au milieu de l’après-midi, de 0,1 milligramme de mélatonine suffisait à favoriser le sommeil d’hommes jeunes à qui l’on avait demandé de faire la sieste.

C’est à peu près à la même époque que le public a appris son efficacité contre les troubles dus au décalage horaire. Plusieurs études montrent en effet que la mélatonine atténue considérablement les symptômes provoqués par la traversée des méridiens. Elle permet non seulement de s’endormir plus rapidement une fois sur place, mais surtout d’adapter son rythme biologique à l’heure locale. En réglant ainsi l’horloge interne, elle réduit de moitié le nombre de jours durant lesquels on souffre habituellement du décalage horaire. Cette nouvelle a naturellement fait sensation. Le personnel, comme les usagers, des compagnies aériennes n’ont pas tardé à en remplir leurs bagages à main.



L’hormone de croissance
L’hormone de croissance est sécrétée par l’hypophyse. Elle joue un rôle majeur dans la croissance de l’enfant et de l’adolescent. Son pic de production est atteint vers l’âge de 20 ans, puis il s’ensuit une diminution progressive (environ 14% par dizaine d’années). A 60 ans, la production d’hormone de croissance est quasiment nulle. Sa sécrétion est continue dans la journée avec des pics durant le sommeil profond. Sa production est stimulée par les œstrogènes et la testostérone et par des exercices physiques intenses. L’hormone de croissance va stimuler la production hépatique de l’Insulin-like Growth Factor ou IGF-1. Nous savons maintenant que cette hormone a un rôle important dans le maintien de la santé chez l’adulte.

Le panhypopituatarisme, maladie de l’adulte, est caractérisé par une asthénie, une diminution de la force musculaire, une ostéoporose, une hypercholestérolémie, une déficience du système immunitaire, une impuissance, un excès de masse grasse, une peau fine, des troubles du sommeil et une dépression. L’ensemble de ces symptômes régresse avec la prise substitutive d’hormone de croissance.

1990 : Dans une étude effectuée par le Dr Daniel Rudman (New England Journal of Medicine), des patients ayant un faible taux plasmatique d’IGF 1, ont reçu de l’hormone de croissance. Cette thérapie substitutive a entraîné une augmentation de leur masse maigre, une diminution de leur masse grasse, une augmentation de l’épaisseur cutanée et une augmentation de la masse osseuse. D’après le Dr Rudman, les patients en question ont bénéficié d’un retour en arrière équivalent à 10 ou 20 ans.

Le National Institute on Aging a d’ailleurs provoqué plusieurs études pour connaître l’influence de l’hormone de croissance sur les personnes âgées et en particulier sur l’ostéoporose et sur la force musculaire. Malheureusement, de nombreux patients ont du renoncer à cette étude du fait des effets secondaires de la thérapie : raideurs articulaires et œdèmes des membres inférieurs. Actuellement les études montrent que l’hormone de croissance peut augmenter la masse musculaire chez les patients malades et alités.


D’après le Dr Edward Chein (USA) l’hormone de croissance est la seule hormone capable de corriger tous les paramètres altérés par le processus du vieillissement, contrairement à la DHEA et la mélatonine qui ne peuvent que ralentir ce processus. Pour lui, l’hormone de croissance peut augmenter la capacité respiratoire, diminuer la masse grasse, augmenter la masse maigre (muscles), améliorer la fonction cardiaque et la fonction rénale, accroître la densité osseuse et stimuler le système immunitaire. Le Dr Sam Baxas (Suisse) fait observer que l’hormone de croissance permet de lutter contre l’atrophie des organes et permet de leur rendre la taille correspondant à un âge de 25-30 ans.

Les effets indésirables de l’hormone de croissance sont réels : syndrome du canal carpien, diabète, rétention hydrique. Les médecins prescripteurs d’hormone de croissance affirment que les effets indésirables ne surviennent que lorsque les doses d’hormone de croissance prescrites sont à la fois trop élevées et trop peu fréquentes.

Les personnes âgées alitées par une maladie aiguë (pneumopathie,...) ou une fracture (col du fémur), peuvent en quelques jours perdre une quantité importante de muscle (réduction de la masse maigre), fragiliser les os, etc. Dans ce cas, on peut penser que l’hormone de croissance pourrait prévenir la perte de masse maigre chez la personne âgée alitée. Celle-ci pourrait donc favoriser la réinsertion précoce de la personne âgée dans son milieu habituel et permettre la réalisation de très importantes économies à la société. Des études dans ce sens sont actuellement menées par le Dr David McLean pour le National Institute on Aging.



On a parfois tendance à oublier que le cœur est un muscle. Celui-ci va, en vieillissant, s’épaissir et le débit cardiaque va diminuer. Les observations menées chez des adultes jeunes ayant une carence en hormone de croissance ont montré qu’ils faisaient souvent des cardiomyopathies. Celles-ci sont réversibles par l’administration d’hormone de croissance. On peut donc penser que l’hormone de croissance peut corriger les anomalies cardiaques liées au vieillissement.

L’hormone de croissance va aussi diminuer le cholestérol total et le LDL cholestérol. L’hormone de croissance va favoriser une redistribution de la masse grasse vers la masse maigre, donnant aux patients une apparence plus jeune.

D’autres perspectives existent, dont, en particulier, la mise au point d’agents stimulant la synthèse d’hormone de croissance.


Le Dr Christophe de Jaeger est l’auteur de l’ouvrage : “Les techniques de lutte contre le vieillissement”.

Que sais-je ? 3463, 1999


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Rectificatif : L'article “le traitement nutritionnel des maladies cardiovasculaires” (Nutranews janvier 2000) a été écrit par les Drs Jennifer et Jean-Marc ROBIN. Nous remercions en particulier le Dr Jennifer Robin pour cette synthèse bibliographique exhaustive et remarquable issue de sa thèse "Effets des interventions nutritionnelles sur l'athérosclérose: revue bibliographique", qu'il est possible de consulter à la faculté de médecine (Bobigny, 1999). Cette thèse permet d'évaluer par quels mécanismes physiopathologiques et à quelles doses certains nutriments tels que les acides gras polyinsaturés de la série n-3, les tocophérols, les caroténoïdes, les flavonoïdes, l'arginine, la carnitine, le magnésium, et certains aliments tels que le thé et le vin, ont des effets protecteurs sur l'évolution de l'athérosclérose. Ainsi, cette synthèse démontre clairement l'intérêt capital d'une prise en charge nutritionnelle des patients dans toute démarche thérapeutique.

L'Institut de Phytonutrition.
 
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