Pharmacologie cérébrale
Les stéroïdes anabolisants possèdent une action sur le comportement aussi bien chez
l’homme que chez la femme. Ils influent sur le comportement sexuel, les capacités cognitives,
l’agressivité et l’humeur. Les androgènes possèdent de nombreux effets négatifs, mais ils
stimulent le désir et la libido. La testostérone joue un rôle important sur les fonctions
cognitives telles que la réactivité et la mémoire. Elle provoque une amélioration des
sentiments de bonheur et de bien-être mais aggrave les sentiments d’anxiété et de dépression.
De nombreux symptômes psychiques tels que la manie, l’hypomanie, et une augmentation de
l’agressivité peuvent apparaître lors de l’utilisation de stéroïdes. A contrario, lors de l’arrêt on
observe souvent un phénomène de dépression . De plus, les sportifs arrêtant leur
consommation, juste avant une compétition en prévention d’un contrôle antidopage, subissent
une perte de motivation et une éventuelle dépression. Ceci s’explique par le fait qu’ils se
retrouvent à un stade de déficience androgénique, la stéroïdogénèse endogène prendra un
certain temps avant de se remettre en route.
Clark et Henderson en 2003 ont réalisé une revue de littérature sur les effets des
stéroïdes anabolisants au niveau du système nerveux. Ils ont ainsi démontré que les stéroïdes
interagissent avec les récepteurs GABAA par l’intermédiaire d’un site de liaison aux stéroïdes
se situant au sein du domaine transmembranaire de ce récepteur. Les neurones GABAergiques
constituent près de 40% des synapses du système nerveux, ils sont principalement situés au
niveau du prosencéphale.
L’agressivité induite par les stéroïdes apparaît comme étant reliée au système nerveux
en utilisant les systèmes GABAergique, sérotoninergique et dopaminergique.
Les récepteurs aux androgènes
Les actions induites par les androgènes, les oestrogènes et progestatifs sont essentielles
au niveau cérébral. Non seulement afin d’assurer l’expression des comportements de
reproduction et de sexualité, mais également pour assurer un rôle important dans l'expression
d'un large éventail de comportements non reproducteurs, comme l'agression, l’anxiété et
l’apprentissage. Toutes ces fonctions sont altérées lors d’une consommation excessive de
stéroïdes.
Chez les consommateurs de stéroïdes anabolisants, il a été démontré une modification
de l’expression des récepteurs aux androgènes au sein du système nerveux central, notamment
une augmentation de leur réactivité. La régulation positive des récepteurs aux androgènes
dans des régions cérébrales riches en récepteurs peut expliquer les augmentations causées par
la testostérone dans les tissus périphériques.
Ces données confirment que l’action des androgènes au niveau cérébral ne se limite
pas au contrôle des fonctions de reproductions.
Les récepteurs GABAA
L’exemple le plus caractéristique de l’action des stéroïdes, en dehors de leur liaison
classique au récepteur nucléaire aux stéroïdes, réside en la capacité de réaliser des
modifications allostériques sur la fonction du récepteur GABAA.
Chez les mammifères, au niveau cérébral, la transmission GABAergique joue un rôle
central dans l’expression des comportements reproducteurs, de l’anxiété, du stress et de
l’agression. L’administration de stéroïdes d’une manière chronique modifie l’expression du
récepteur GABAA, alors que l’administration d’une dose importante provoquera une
modification allostérique.
Le récepteur GABAA est un canal ionique ligand-dépendant composé de 5 sous-unités
glycoprotéiques, comprenant chacune entre 450 et 550 acides aminés. Ce canal ionique est
principalement perméable aux ions Chlorure (Cl-) avec un flux dirigé vers l’intérieur de la
cellule. Ce récepteur intervient dans le mécanisme d’inhibition rapide du système nerveux
central chez les mammifères adultes. En plus de leur rôle central de transmetteur
d’information inhibitrice, les récepteurs GABAA sont la cible moléculaire de molécules telles
que les benzodiazépines, les barbituriques et neurostéroïdes et de classes thérapeutiques
comme les anxiolytiques, les sédatifs, les hypnotiques, les anesthésiques généraux, les
anticonvulsivants, les pro-convulsivants (y compris les insecticides), l’éthanol et le Zinc. Ces
substances se lient sur des sites spécifiques, et une fois liées, ces substances provoquent des
modifications allostériques modifiant la réponse des récepteurs au GABAA, en changeant la
quantité d’ion Cl- traversant la membrane cellulaire, changeant ainsi la quantité inhibitrice.
Les stéroïdes provoquent des modifications allostériques au niveau des récepteurs
GABAA (en augmentant notamment la synthèse de modulateurs allostériques). Après fixation
préalable de la molécule de stéroïdes sur sa cible au sein du récepteur GABAA, il se produit
un changement de conformation du récepteur GABAA et donc également une modification
des conditions de fixation des autres molécules ayant pour cible ce même récepteur. Ces
modifications dépendent de plusieurs facteurs comme la composition de la sous-unité du
récepteur GABAA, la région du cerveau ou encore le type de neurotransmetteur concerné.
Les stéroïdes possèdent des actions allostériques, mais aussi des actions chroniques sur
ces récepteurs GABAA, ce qui peut provoquer différentes actions sur le comportement des
individus qui en consomme. De nos jours, l’ensemble de leurs effets n’a pas été totalement
étudié.
Les récepteurs 5-HT
La sérotonine est un neurotransmetteur qui va se lier spécifiquement aux récepteurs à
la 5-HydroxyTryptamine. Ce système sérotoninergique est connu pour réguler le
comportement sexuel, l’agressivité, la peur et le système de récompense. Dès 1988, Vergnes
et al ont émis comme hypothèse que l’augmentation des comportements agressifs est
corrélée à la diminution de l’activité neuronale médiée par le récepteur 5-HT. Deux études ont démontré que les traitements réalisés avec de la testostérone sur des rats
entraînaient une baisse significative des taux de 5-HT et de ses métabolites. Les stéroïdes
anabolisants androgènes, de la même manière que la testostérone endogène, provoquent un
comportement agressif qui est dû à une diminution des taux de 5-HT circulants.
Les récepteurs dopaminergiques
Au même titre qu’avec le système sérotoninergique, le système dopaminergique
possède des effets généralisés sur la régulation du comportement. Ce système dopaminergique
est altéré en présence de fortes doses de stéroïdes anabolisants. Des études ont démontré que
la consommation de stéroïdes augmente les concentrations en dopamine, ainsi que celle de ses
métabolites.
Les auteurs ont conclu que l’augmentation du métabolisme dopaminergique était
proportionnelle à la dose de stéroïde administré. L’exposition chronique à de fortes doses de
stéroïdes modifie à la fois la quantité de dopamine mais aussi l’expression des récepteurs
dopaminergiques. Ces modifications ont lieu dans les zones du cerveau impliquées dans le
processus de récompense. Ce système de récompense est également stimulé lors de la prise de
drogues telles que les amphétamines ou la cocaïne.
Les individus consommant des stéroïdes et présentant des signes d’agressivité sont
plus sensibles à une consommation excessive de drogues.
Les récepteurs aux opioïdes
Les opioïdes et les récepteurs aux opioïdes sont impliqués dans les régions du cerveau
régulant les comportements de reproduction et les systèmes de récompense. Les opioïdes
agissent notamment sur l’hypothalamus où ils régulent la libération d’un certain nombre
d’hormones telles que les corticoïdes et la vasopressine qui à leur tour peuvent modifier
l’expression des sentiments de peur, d’anxiété et d’agressivité.
Autres molécules
L’induction précoce de gènes dans le système de récompense au niveau cérébral est
l’une des caractéristiques de tous les abus de drogues. Contrairement à la morphine, la
consommation aiguë d’un cocktail de différents stéroïdes n’a aucune action précoce sur le
striatum chez le rat.
Le striatum est tout particulièrement impliqué dans la régulation des comportements
motivés comme les processus naturels liés à l’obtention d’une récompense ou les processus
pathologiques de l’addiction.
Les stéroïdes sont impliqués au niveau cérébral dans ces différentes voies : GABA,
Dopamine, Sérotonine et Opioïdes. Le nombre d’études portant sur les effets des stéroïdes sur
les voies impliquées dans le système de récompense, autres que les voies opioïdes et
dopaminergiques, est très limité.
Les stéroïdes anabolisants androgènes exercent bel et bien une action sur le circuit de
la récompense, ils influencent également la sensibilité du cerveau à d’autres abus de drogues.
information extraites d une thèse UNIVERSITE DE MONTPELLIER 1
UFR des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques
Les stéroïdes anabolisants possèdent une action sur le comportement aussi bien chez
l’homme que chez la femme. Ils influent sur le comportement sexuel, les capacités cognitives,
l’agressivité et l’humeur. Les androgènes possèdent de nombreux effets négatifs, mais ils
stimulent le désir et la libido. La testostérone joue un rôle important sur les fonctions
cognitives telles que la réactivité et la mémoire. Elle provoque une amélioration des
sentiments de bonheur et de bien-être mais aggrave les sentiments d’anxiété et de dépression.
De nombreux symptômes psychiques tels que la manie, l’hypomanie, et une augmentation de
l’agressivité peuvent apparaître lors de l’utilisation de stéroïdes. A contrario, lors de l’arrêt on
observe souvent un phénomène de dépression . De plus, les sportifs arrêtant leur
consommation, juste avant une compétition en prévention d’un contrôle antidopage, subissent
une perte de motivation et une éventuelle dépression. Ceci s’explique par le fait qu’ils se
retrouvent à un stade de déficience androgénique, la stéroïdogénèse endogène prendra un
certain temps avant de se remettre en route.
Clark et Henderson en 2003 ont réalisé une revue de littérature sur les effets des
stéroïdes anabolisants au niveau du système nerveux. Ils ont ainsi démontré que les stéroïdes
interagissent avec les récepteurs GABAA par l’intermédiaire d’un site de liaison aux stéroïdes
se situant au sein du domaine transmembranaire de ce récepteur. Les neurones GABAergiques
constituent près de 40% des synapses du système nerveux, ils sont principalement situés au
niveau du prosencéphale.
L’agressivité induite par les stéroïdes apparaît comme étant reliée au système nerveux
en utilisant les systèmes GABAergique, sérotoninergique et dopaminergique.
Les récepteurs aux androgènes
Les actions induites par les androgènes, les oestrogènes et progestatifs sont essentielles
au niveau cérébral. Non seulement afin d’assurer l’expression des comportements de
reproduction et de sexualité, mais également pour assurer un rôle important dans l'expression
d'un large éventail de comportements non reproducteurs, comme l'agression, l’anxiété et
l’apprentissage. Toutes ces fonctions sont altérées lors d’une consommation excessive de
stéroïdes.
Chez les consommateurs de stéroïdes anabolisants, il a été démontré une modification
de l’expression des récepteurs aux androgènes au sein du système nerveux central, notamment
une augmentation de leur réactivité. La régulation positive des récepteurs aux androgènes
dans des régions cérébrales riches en récepteurs peut expliquer les augmentations causées par
la testostérone dans les tissus périphériques.
Ces données confirment que l’action des androgènes au niveau cérébral ne se limite
pas au contrôle des fonctions de reproductions.
Les récepteurs GABAA
L’exemple le plus caractéristique de l’action des stéroïdes, en dehors de leur liaison
classique au récepteur nucléaire aux stéroïdes, réside en la capacité de réaliser des
modifications allostériques sur la fonction du récepteur GABAA.
Chez les mammifères, au niveau cérébral, la transmission GABAergique joue un rôle
central dans l’expression des comportements reproducteurs, de l’anxiété, du stress et de
l’agression. L’administration de stéroïdes d’une manière chronique modifie l’expression du
récepteur GABAA, alors que l’administration d’une dose importante provoquera une
modification allostérique.
Le récepteur GABAA est un canal ionique ligand-dépendant composé de 5 sous-unités
glycoprotéiques, comprenant chacune entre 450 et 550 acides aminés. Ce canal ionique est
principalement perméable aux ions Chlorure (Cl-) avec un flux dirigé vers l’intérieur de la
cellule. Ce récepteur intervient dans le mécanisme d’inhibition rapide du système nerveux
central chez les mammifères adultes. En plus de leur rôle central de transmetteur
d’information inhibitrice, les récepteurs GABAA sont la cible moléculaire de molécules telles
que les benzodiazépines, les barbituriques et neurostéroïdes et de classes thérapeutiques
comme les anxiolytiques, les sédatifs, les hypnotiques, les anesthésiques généraux, les
anticonvulsivants, les pro-convulsivants (y compris les insecticides), l’éthanol et le Zinc. Ces
substances se lient sur des sites spécifiques, et une fois liées, ces substances provoquent des
modifications allostériques modifiant la réponse des récepteurs au GABAA, en changeant la
quantité d’ion Cl- traversant la membrane cellulaire, changeant ainsi la quantité inhibitrice.
Les stéroïdes provoquent des modifications allostériques au niveau des récepteurs
GABAA (en augmentant notamment la synthèse de modulateurs allostériques). Après fixation
préalable de la molécule de stéroïdes sur sa cible au sein du récepteur GABAA, il se produit
un changement de conformation du récepteur GABAA et donc également une modification
des conditions de fixation des autres molécules ayant pour cible ce même récepteur. Ces
modifications dépendent de plusieurs facteurs comme la composition de la sous-unité du
récepteur GABAA, la région du cerveau ou encore le type de neurotransmetteur concerné.
Les stéroïdes possèdent des actions allostériques, mais aussi des actions chroniques sur
ces récepteurs GABAA, ce qui peut provoquer différentes actions sur le comportement des
individus qui en consomme. De nos jours, l’ensemble de leurs effets n’a pas été totalement
étudié.
Les récepteurs 5-HT
La sérotonine est un neurotransmetteur qui va se lier spécifiquement aux récepteurs à
la 5-HydroxyTryptamine. Ce système sérotoninergique est connu pour réguler le
comportement sexuel, l’agressivité, la peur et le système de récompense. Dès 1988, Vergnes
et al ont émis comme hypothèse que l’augmentation des comportements agressifs est
corrélée à la diminution de l’activité neuronale médiée par le récepteur 5-HT. Deux études ont démontré que les traitements réalisés avec de la testostérone sur des rats
entraînaient une baisse significative des taux de 5-HT et de ses métabolites. Les stéroïdes
anabolisants androgènes, de la même manière que la testostérone endogène, provoquent un
comportement agressif qui est dû à une diminution des taux de 5-HT circulants.
Les récepteurs dopaminergiques
Au même titre qu’avec le système sérotoninergique, le système dopaminergique
possède des effets généralisés sur la régulation du comportement. Ce système dopaminergique
est altéré en présence de fortes doses de stéroïdes anabolisants. Des études ont démontré que
la consommation de stéroïdes augmente les concentrations en dopamine, ainsi que celle de ses
métabolites.
Les auteurs ont conclu que l’augmentation du métabolisme dopaminergique était
proportionnelle à la dose de stéroïde administré. L’exposition chronique à de fortes doses de
stéroïdes modifie à la fois la quantité de dopamine mais aussi l’expression des récepteurs
dopaminergiques. Ces modifications ont lieu dans les zones du cerveau impliquées dans le
processus de récompense. Ce système de récompense est également stimulé lors de la prise de
drogues telles que les amphétamines ou la cocaïne.
Les individus consommant des stéroïdes et présentant des signes d’agressivité sont
plus sensibles à une consommation excessive de drogues.
Les récepteurs aux opioïdes
Les opioïdes et les récepteurs aux opioïdes sont impliqués dans les régions du cerveau
régulant les comportements de reproduction et les systèmes de récompense. Les opioïdes
agissent notamment sur l’hypothalamus où ils régulent la libération d’un certain nombre
d’hormones telles que les corticoïdes et la vasopressine qui à leur tour peuvent modifier
l’expression des sentiments de peur, d’anxiété et d’agressivité.
Autres molécules
L’induction précoce de gènes dans le système de récompense au niveau cérébral est
l’une des caractéristiques de tous les abus de drogues. Contrairement à la morphine, la
consommation aiguë d’un cocktail de différents stéroïdes n’a aucune action précoce sur le
striatum chez le rat.
Le striatum est tout particulièrement impliqué dans la régulation des comportements
motivés comme les processus naturels liés à l’obtention d’une récompense ou les processus
pathologiques de l’addiction.
Les stéroïdes sont impliqués au niveau cérébral dans ces différentes voies : GABA,
Dopamine, Sérotonine et Opioïdes. Le nombre d’études portant sur les effets des stéroïdes sur
les voies impliquées dans le système de récompense, autres que les voies opioïdes et
dopaminergiques, est très limité.
Les stéroïdes anabolisants androgènes exercent bel et bien une action sur le circuit de
la récompense, ils influencent également la sensibilité du cerveau à d’autres abus de drogues.
information extraites d une thèse UNIVERSITE DE MONTPELLIER 1
UFR des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques