Destiné à lutter contre la chute des cheveux, le Propecia se révèle être à l’origine de multiples cas d’impuissance masculine. Les victimes commencent à se mobiliser.
NICOLAS JACQUARD | Publié le 10.03.2012, 11h53 - LE PARISIEN
C’était La pilule miracle : un comprimé quotidien permettant de ralentir la calvitie masculine, prescrit en 2010 à près de 32 000 Français. Las, pour certains d’entre eux, le Propecia, ses génériques et leur promesse d’une chevelure vigoureuse ont viré au cauchemar. Ils sont aujourd’hui des centaines à se plaindre des graves conséquences de leur traitement, en premier lieu de troubles des fonctions sexuelles.
Une éventualité mentionnée dans la liste des effets indésirables de ce médicament, mais dont on pensait au départ qu’elle était intégralement réversible. Les données recueillies ces trois dernières années ont pourtant montré l’inverse, et conduit le laboratoire Merck Sharp & Dohme (MSD) à modifier sa notice, mentionnant qu’environ « 1% des patients connaît des troubles de l’érection », et reconnaissant surtout qu’ils peuvent perdurer après le traitement.
Des procès engagés aux Etats-Unis, une surveillance renforcée du Propecia en France
Pourtant, ils sont nombreux aujourd’hui à s’alarmer. Ces hommes disent souffrir d’une impuissance quasi totale, qu’ils attribuent sans hésitation au finastéride, le principe actif du Propecia, lequel a pour effet de bloquer l’action de l’hormone mâle, la testostérone. « Résultat, certains se retrouvent avec un taux de testostérone équivalent à celui d’hommes de 80 ans », décrit Mike, un Américain qui a fondé le principal forum de victimes, Propeciahelp, site Internet de référence sur le sujet.
C’est à partir de ces données que plusieurs spécialistes se sont penchés sur le problème. Et leurs analyses font froid dans le dos. « Le finastéride peut modifier en profondeur la chimie hormonale du cerveau », assène Michael Irwig, de l’université George-Washington, auteur d’une étude pour le très sérieux « Journal of Sexual Medicine ».
D’ores et déjà, une centaine de victimes aux Etats-Unis se sont tournées vers les tribunaux. Une audience dira, à la fin du mois, si toutes ces procédures seront regroupées au niveau d’un juge fédéral.
En Europe, l’Afssaps révèle que le Propecia fait l’objet d’une surveillance renforcée, et que sa commercialisation pourrait être remise en cause en 2013. « Pour moi, la majeure partie des troubles est transitoire, veut croire le professeur Bernard Debré. Mais en raison de son rôle sur les hormones, je déconseille très fortement ce médicament, surtout pour une utilisation « esthétique. » D’autres assument sa prescription. « Je le propose à une dizaine de patients par jour. Tous ses effets secondaires ont été réversibles », maintient le dermatologue Pascal Reygagne.
« Parmi ceux qui souffrent de ces effets, on ne sait pas combien seront impuissants à vie, dénonce en revanche cet endocrinologue parisien sous couvert de l’anonymat. J’en vois de plus en plus dans mon cabinet. Il s’agit d’hommes jeunes, condamnés à perpétuité à ne plus avoir de vie sexuelle pour une simple question de cheveux… »
Contacté, MSD dit être « confiant dans la qualité de Propecia et des études scientifiques qui ont permis de le développer », sans vouloir répondre à des questions plus détaillées.
NICOLAS JACQUARD | Publié le 10.03.2012, 11h53 - LE PARISIEN
C’était La pilule miracle : un comprimé quotidien permettant de ralentir la calvitie masculine, prescrit en 2010 à près de 32 000 Français. Las, pour certains d’entre eux, le Propecia, ses génériques et leur promesse d’une chevelure vigoureuse ont viré au cauchemar. Ils sont aujourd’hui des centaines à se plaindre des graves conséquences de leur traitement, en premier lieu de troubles des fonctions sexuelles.
Une éventualité mentionnée dans la liste des effets indésirables de ce médicament, mais dont on pensait au départ qu’elle était intégralement réversible. Les données recueillies ces trois dernières années ont pourtant montré l’inverse, et conduit le laboratoire Merck Sharp & Dohme (MSD) à modifier sa notice, mentionnant qu’environ « 1% des patients connaît des troubles de l’érection », et reconnaissant surtout qu’ils peuvent perdurer après le traitement.
Des procès engagés aux Etats-Unis, une surveillance renforcée du Propecia en France
Pourtant, ils sont nombreux aujourd’hui à s’alarmer. Ces hommes disent souffrir d’une impuissance quasi totale, qu’ils attribuent sans hésitation au finastéride, le principe actif du Propecia, lequel a pour effet de bloquer l’action de l’hormone mâle, la testostérone. « Résultat, certains se retrouvent avec un taux de testostérone équivalent à celui d’hommes de 80 ans », décrit Mike, un Américain qui a fondé le principal forum de victimes, Propeciahelp, site Internet de référence sur le sujet.
C’est à partir de ces données que plusieurs spécialistes se sont penchés sur le problème. Et leurs analyses font froid dans le dos. « Le finastéride peut modifier en profondeur la chimie hormonale du cerveau », assène Michael Irwig, de l’université George-Washington, auteur d’une étude pour le très sérieux « Journal of Sexual Medicine ».
D’ores et déjà, une centaine de victimes aux Etats-Unis se sont tournées vers les tribunaux. Une audience dira, à la fin du mois, si toutes ces procédures seront regroupées au niveau d’un juge fédéral.
En Europe, l’Afssaps révèle que le Propecia fait l’objet d’une surveillance renforcée, et que sa commercialisation pourrait être remise en cause en 2013. « Pour moi, la majeure partie des troubles est transitoire, veut croire le professeur Bernard Debré. Mais en raison de son rôle sur les hormones, je déconseille très fortement ce médicament, surtout pour une utilisation « esthétique. » D’autres assument sa prescription. « Je le propose à une dizaine de patients par jour. Tous ses effets secondaires ont été réversibles », maintient le dermatologue Pascal Reygagne.
« Parmi ceux qui souffrent de ces effets, on ne sait pas combien seront impuissants à vie, dénonce en revanche cet endocrinologue parisien sous couvert de l’anonymat. J’en vois de plus en plus dans mon cabinet. Il s’agit d’hommes jeunes, condamnés à perpétuité à ne plus avoir de vie sexuelle pour une simple question de cheveux… »
Contacté, MSD dit être « confiant dans la qualité de Propecia et des études scientifiques qui ont permis de le développer », sans vouloir répondre à des questions plus détaillées.