Déjà le mois de Mai file à grand train, annonciateur d'un été plus pourri que les autres, peut-être la faute à l'Islande et à son volcan cracheur de cendres, l'Islande, cette terre aride de feu d'eau et de glace, responsable de tous les maux financiers, aux bourses effondrées de l'Europe, jusqu'aux égarements pubères de l'Eglise, allez savoir; bref, la période où les corps se dénudent, les pieds meurtris s'étalent dans les tongs, et les stations d'UV font le plein, est enfin arrivée. On prépare fébrilement ces temps bénis où les corps en rut, stimulés par la chaleur d'un soleil vigoureux, les pan bagna et les pizzas dégustées dans les gaz d'échappement, sur l'avenue principale qui mène à cette plage là-bas, dégoulinante de mazout et de mégots de cigarettes, se pressent, s'estiment et se préparent à l'accouplement, ledit accouplement toujours suivi de a) une éjaculation précoce b)un coïtus interruptus c) un anus douloureux d) un herpès. Cette période bénie, on la prépare donc, on court les soldes à la recherche du short le plus haut possible, pour qu'ainsi l'on dissimule hâtivement le bourrelet, on se gave d'Alli, le seul médicament qui autorise que l'on puisse enfin dire à sa compagne: "tu as vraiment un goût de chiottes", et l'on reprend l'activité sportive, histoire d'être présentable dans ses tongs trop grandes, son sourire peroxydé, et ses ongles incarnés.
Et la principale population qui envahit les salles comme un jet de spermatozoïdes survoltés à la conquête de l'ovule, est constituée d'une sorte de mélange de primates prétendants au muscle, les Kékés. Qu'est-ce qu'un kéké ? Par définition, un kéké ne sait pas ce qu'est une salle de sport ou de musculation, il a vu de la lumière et il est entré, attiré par l'espoir soudain d'avoir un corps de rêve, victime comme tant d'autres de la communication homo-érotique qui envahit les médias. Le kéké est jeune, inexpérimenté, mais il sait déjà tout le bougre, car il a appris la musculation dans Marianne. Le kéké moins jeune est facilement identifiable: cheveu long et filasse, voire gras, bedaine naissante, on le reconnaît surtout à son vieux survêt bleu qu'il a exhumé des boules antimites, et surtout à ses espadrilles (avec un trou à l'endroit du gros orteil). Ah… et ce kéké là s'endort facilement, baillant aux corneilles en regardant l'heure tourner… C'est bientôt l'heure de son feuilleton télé…
Le kéké jeune se reconnaît à son short, le même short de bain qu'il portait déjà l'an dernier, celui qui camouflait ses bourrelets, dont la marque commence par Quick et finit par Silver, mais c'est surtout Quick que l'on retient, en regardant ses 110 cm de tour de cul. Le kéké est marqué par une absence notable de mollets, compensée par une abondance de poils qui débordent de la chaussette. Donc le kéké sait toujours tout, ce qui l'autorise à refuser poliment toute aide ou tout conseil. Le kéké vous regarde d'un œil torve et humide, parfois ne vous comprend pas tant la musique qu'il écoute est prédominante, ou parfois ne vous comprend pas, soit parce qu'il ne parle pas le même langage que vous, ou soit parce qu'il est sourd. Le kéké reste toujours, au moins une heure à son poste d'entraînement, il faut au moins ça pour raconter ses histoires de kéké avec son copain, kéké aussi, inscrit dans la même salle. C'est le même kéké qui vient vous dire, alors que vous tremblez sous la charge du développé couché, que vos mâchoires se crispent et que vous entendez la porcelaine de vos dents se fêler: "Vous en avez encore pour longtemps ?" Le kéké pue du bec, il a oublié de boire pendant ses deux heures d'entraînement, le kéké ne sait pas qu'il faut boire, ou alors du coca, qu'il vous rote à la gueule, le kéké a mis sa plus belle montre, le kéké a gardé toutes ses bagues pour se saisir de la barre, le kéké doit développer au moins 110 kilos sinon c'est la honte parce que ses autres copains kékés le regardent, 110 kilos, on y met toute son énergie de kéké au risque de se flinguer, mais il faut au moins ça !
Le kéké au vestiaire ôte son slip en hâte, la couille pendante, ou parfois pris d'une soudaine érection, normal c'est la première fois, et perd l'équilibre lorsque d'autres entrent dans le vestiaire, fesses blanches et tremblantes. Le kéké retire ses chaussettes et les retourne pour les enfiler de nouveau, c'est plus propre, le kéké ne prend pas ses protéines après l'entraînement, mais un bon kébab des familles, parce que c'est sain le kébab, c'est sa maman qu'il lui a dit (ou alors les boulettes mais avec la sauce sinon c'est sec). Et lorsqu'il sort de la salle, fier comme un bar-tabac tout en lâchant une caisse, le dos cassé en deux, le slip humide de transpiration et l'haleine fétide, le kéké a le choix: soit il revient le lendemain, soit il ne revient pas. La période des kékés est faste pour les propriétaires de salles, c'est la période clef de l'année, meilleure que la reprise de janvier, c'est une période bénie des dieux comme celle de Noël, ou les boudins blancs côtoient les dindes à l'étal du boucher pour faire la fête à Jésus, et nous ne devons pas la maudire, cette période lui permettra enfin d'acheter, à ce valeureux propriétaire à la fière moustache en brosse, le banc à déclinés réclamé par tous depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Certes nous en souffrons, et nous souffrons surtout de les voir partir, ces kékés, à la conquête de leur moi, aussi mal équipés, aussi mal préparés mais ne doutant de rien, même de leur propre bêtise… alors…
Ami. Défendons le kéké. Sur Cent kékés qui s'inscrivent, un seul peut-être en réchappera. Il y prendra goût et reviendra. Il écoutera et apprendra. Et n'oublie pas que, il y a fort longtemps toi et moi, nous fûmes aussi des kékés…
Et la principale population qui envahit les salles comme un jet de spermatozoïdes survoltés à la conquête de l'ovule, est constituée d'une sorte de mélange de primates prétendants au muscle, les Kékés. Qu'est-ce qu'un kéké ? Par définition, un kéké ne sait pas ce qu'est une salle de sport ou de musculation, il a vu de la lumière et il est entré, attiré par l'espoir soudain d'avoir un corps de rêve, victime comme tant d'autres de la communication homo-érotique qui envahit les médias. Le kéké est jeune, inexpérimenté, mais il sait déjà tout le bougre, car il a appris la musculation dans Marianne. Le kéké moins jeune est facilement identifiable: cheveu long et filasse, voire gras, bedaine naissante, on le reconnaît surtout à son vieux survêt bleu qu'il a exhumé des boules antimites, et surtout à ses espadrilles (avec un trou à l'endroit du gros orteil). Ah… et ce kéké là s'endort facilement, baillant aux corneilles en regardant l'heure tourner… C'est bientôt l'heure de son feuilleton télé…
Le kéké jeune se reconnaît à son short, le même short de bain qu'il portait déjà l'an dernier, celui qui camouflait ses bourrelets, dont la marque commence par Quick et finit par Silver, mais c'est surtout Quick que l'on retient, en regardant ses 110 cm de tour de cul. Le kéké est marqué par une absence notable de mollets, compensée par une abondance de poils qui débordent de la chaussette. Donc le kéké sait toujours tout, ce qui l'autorise à refuser poliment toute aide ou tout conseil. Le kéké vous regarde d'un œil torve et humide, parfois ne vous comprend pas tant la musique qu'il écoute est prédominante, ou parfois ne vous comprend pas, soit parce qu'il ne parle pas le même langage que vous, ou soit parce qu'il est sourd. Le kéké reste toujours, au moins une heure à son poste d'entraînement, il faut au moins ça pour raconter ses histoires de kéké avec son copain, kéké aussi, inscrit dans la même salle. C'est le même kéké qui vient vous dire, alors que vous tremblez sous la charge du développé couché, que vos mâchoires se crispent et que vous entendez la porcelaine de vos dents se fêler: "Vous en avez encore pour longtemps ?" Le kéké pue du bec, il a oublié de boire pendant ses deux heures d'entraînement, le kéké ne sait pas qu'il faut boire, ou alors du coca, qu'il vous rote à la gueule, le kéké a mis sa plus belle montre, le kéké a gardé toutes ses bagues pour se saisir de la barre, le kéké doit développer au moins 110 kilos sinon c'est la honte parce que ses autres copains kékés le regardent, 110 kilos, on y met toute son énergie de kéké au risque de se flinguer, mais il faut au moins ça !
Le kéké au vestiaire ôte son slip en hâte, la couille pendante, ou parfois pris d'une soudaine érection, normal c'est la première fois, et perd l'équilibre lorsque d'autres entrent dans le vestiaire, fesses blanches et tremblantes. Le kéké retire ses chaussettes et les retourne pour les enfiler de nouveau, c'est plus propre, le kéké ne prend pas ses protéines après l'entraînement, mais un bon kébab des familles, parce que c'est sain le kébab, c'est sa maman qu'il lui a dit (ou alors les boulettes mais avec la sauce sinon c'est sec). Et lorsqu'il sort de la salle, fier comme un bar-tabac tout en lâchant une caisse, le dos cassé en deux, le slip humide de transpiration et l'haleine fétide, le kéké a le choix: soit il revient le lendemain, soit il ne revient pas. La période des kékés est faste pour les propriétaires de salles, c'est la période clef de l'année, meilleure que la reprise de janvier, c'est une période bénie des dieux comme celle de Noël, ou les boudins blancs côtoient les dindes à l'étal du boucher pour faire la fête à Jésus, et nous ne devons pas la maudire, cette période lui permettra enfin d'acheter, à ce valeureux propriétaire à la fière moustache en brosse, le banc à déclinés réclamé par tous depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Certes nous en souffrons, et nous souffrons surtout de les voir partir, ces kékés, à la conquête de leur moi, aussi mal équipés, aussi mal préparés mais ne doutant de rien, même de leur propre bêtise… alors…
Ami. Défendons le kéké. Sur Cent kékés qui s'inscrivent, un seul peut-être en réchappera. Il y prendra goût et reviendra. Il écoutera et apprendra. Et n'oublie pas que, il y a fort longtemps toi et moi, nous fûmes aussi des kékés…