Sa passion de la musculation était devenue son gagne-pain. Olivier*, étudiant dans une prestigieuse école de commerce à 12 000 € l'année, comparaît aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône) pour « importation, détention et cession de médicaments ». Il encourt jusqu'à cinq ans de prison, 375 000 € d'amende et éventuellement une amende douanière
D'origine étrangère, arrivé en France à 17 ans comme réfugié politique, ce jeune homme brillant s'est mis à « soulever de la fonte » pendant sa première année d'études. « J'ai rapidement compris que sans produits, on arrivait à rien », raconte-t-il. Il passe alors des heures sur les forums spécialisés, dont Allsteroids.com, et se forge vite une conviction : « Dans ce milieu du culturisme, tout le monde prend des stéroïdes. C'est physiologique. Impossible, autrement, d'entretenir le volume de muscles. » Aiguillé par les anciens, il s'étoffe de 15 kg en un an et découvre qu'au-delà des stéroïdes, tels la testostérone, beaucoup de passionnés sont à la recherche de « produits de relance », qui permettent de rétablir une forme d'équilibre hormonal. Des substances vendues par des laboratoires clandestins, notamment en Inde, mais dont le coût de livraison est élevé pour de faibles quantités. Olivier a alors l'idée d'effectuer des achats groupés, puis de revendre en dégageant sa marge.
Sur les forums, il se fait rapidement un nom et une réputation. Un autre passionné, Bertrand*, lui fait profiter de ses compétences en informatique. Il crée un site Internet, accessible uniquement sur inscription. En apparence, ce site propose d'anodins tee-shirts. Mais chaque vêtement correspond en fait à un produit dopant. Entre début 2012 et début 2014, Olivier et Bertrand vont engranger entre 15 000 et 25 000 €. « Etant étranger et sans garant, je ne pouvais solliciter de prêt. Tout est passé dans mon école, mon loyer et mes frais », assure Olivier.
Testostérone, nandrolone, trenbolone, turinabol ou clenbuterol : l'étudiant en commerce devient vite familier de la « pharmacie underground ». Mi-2013, il se met à fabriquer lui-même ses « potions magiques », vendues entre 30 et 60 € les 12 cl. De Slovaquie le plus souvent, il importe les substances actives. Sur le Web, il se forme à la fabrication de gélules ou d'injections, et achète le matériel nécessaire.
GDS, Jackou ou Comète -- quelques-uns des pseudos de ses clients -- en redemandent. « Il y avait même des femmes, se souvient Olivier. L'une d'elles voulait passer un diplôme d'entraîneur et n'arrivait pas à faire des tractions. » Les autres forment le ban et l'arrière-ban du culturisme, de l'haltérophilie ou du bodybuilding hexagonal. Beaucoup sont par ailleurs militaires, gendarmes ou policiers. Parmi eux, certains n'hésitent pas à informer leurs fournisseurs des régulières opérations coup de poing Pangea, menées par Interpol pour lutter contre ces trafics de médicaments illicites...
En février dernier, pourtant, l'un des colis destinés à Olivier est saisi à Roissy par les douanes. A l'intérieur : des stéroïdes, des anti-oestrogènes et des contrefaçons de Viagra. La perquisition de sa chambre d'étudiant met au jour de nombreuses fioles et comprimés. Aux douaniers qui l'interrogent sur le risque qu'il faisait courir à ses clients, le prévenu reconnaît ne pas en avoir pris conscience, d'autant qu'il testait toutes ses préparations... sur lui-même. Au prix de sérieux effets secondaires, notamment des fièvres, des palpitations ou des montées de lait. « Le risque d'infection était quasi nul », plaide-t-il. Pour le reste, paradoxalement, « ces effets indésirables sont recherchés par ceux qui prennent ses produits, confie-t-il. Ça prouve que la substance est bien la bonne... »
L'analyse de son ordinateur a révélé un répertoire de formules. Celles, par exemple, du pourcentage de solvants pour réaliser ses mélanges. Au fil du temps, Olivier a également appris à sélectionner les fournisseurs, et à éviter les Chinois pour leurs stéroïdes, « de mauvaise qualité ». L'étudiant le reconnaît : « Quand certains de mes clients ont appris que je fabriquais moi-même les produits, j'en ai perdu. » Mais les principaux sont restés, se transformant souvent eux-mêmes en revendeurs.
Avec le recul, le jeune homme -- désormais délesté de ses 15 kg de muscles éphémères -- en a pris conscience : « Je sais que ce que je faisais était illégal, soupire-t-il. J'étais conscient que ça ne s'arrêterait qu'avec une arrestation. Si c'était à refaire, évidemment, je ne le referais pas. »
Source le parisien http://m.leparisien.fr/faits-divers...-gonflette-au-tribunal-13-11-2014-4288007.php
D'origine étrangère, arrivé en France à 17 ans comme réfugié politique, ce jeune homme brillant s'est mis à « soulever de la fonte » pendant sa première année d'études. « J'ai rapidement compris que sans produits, on arrivait à rien », raconte-t-il. Il passe alors des heures sur les forums spécialisés, dont Allsteroids.com, et se forge vite une conviction : « Dans ce milieu du culturisme, tout le monde prend des stéroïdes. C'est physiologique. Impossible, autrement, d'entretenir le volume de muscles. » Aiguillé par les anciens, il s'étoffe de 15 kg en un an et découvre qu'au-delà des stéroïdes, tels la testostérone, beaucoup de passionnés sont à la recherche de « produits de relance », qui permettent de rétablir une forme d'équilibre hormonal. Des substances vendues par des laboratoires clandestins, notamment en Inde, mais dont le coût de livraison est élevé pour de faibles quantités. Olivier a alors l'idée d'effectuer des achats groupés, puis de revendre en dégageant sa marge.
Sur les forums, il se fait rapidement un nom et une réputation. Un autre passionné, Bertrand*, lui fait profiter de ses compétences en informatique. Il crée un site Internet, accessible uniquement sur inscription. En apparence, ce site propose d'anodins tee-shirts. Mais chaque vêtement correspond en fait à un produit dopant. Entre début 2012 et début 2014, Olivier et Bertrand vont engranger entre 15 000 et 25 000 €. « Etant étranger et sans garant, je ne pouvais solliciter de prêt. Tout est passé dans mon école, mon loyer et mes frais », assure Olivier.
Testostérone, nandrolone, trenbolone, turinabol ou clenbuterol : l'étudiant en commerce devient vite familier de la « pharmacie underground ». Mi-2013, il se met à fabriquer lui-même ses « potions magiques », vendues entre 30 et 60 € les 12 cl. De Slovaquie le plus souvent, il importe les substances actives. Sur le Web, il se forme à la fabrication de gélules ou d'injections, et achète le matériel nécessaire.
GDS, Jackou ou Comète -- quelques-uns des pseudos de ses clients -- en redemandent. « Il y avait même des femmes, se souvient Olivier. L'une d'elles voulait passer un diplôme d'entraîneur et n'arrivait pas à faire des tractions. » Les autres forment le ban et l'arrière-ban du culturisme, de l'haltérophilie ou du bodybuilding hexagonal. Beaucoup sont par ailleurs militaires, gendarmes ou policiers. Parmi eux, certains n'hésitent pas à informer leurs fournisseurs des régulières opérations coup de poing Pangea, menées par Interpol pour lutter contre ces trafics de médicaments illicites...
En février dernier, pourtant, l'un des colis destinés à Olivier est saisi à Roissy par les douanes. A l'intérieur : des stéroïdes, des anti-oestrogènes et des contrefaçons de Viagra. La perquisition de sa chambre d'étudiant met au jour de nombreuses fioles et comprimés. Aux douaniers qui l'interrogent sur le risque qu'il faisait courir à ses clients, le prévenu reconnaît ne pas en avoir pris conscience, d'autant qu'il testait toutes ses préparations... sur lui-même. Au prix de sérieux effets secondaires, notamment des fièvres, des palpitations ou des montées de lait. « Le risque d'infection était quasi nul », plaide-t-il. Pour le reste, paradoxalement, « ces effets indésirables sont recherchés par ceux qui prennent ses produits, confie-t-il. Ça prouve que la substance est bien la bonne... »
L'analyse de son ordinateur a révélé un répertoire de formules. Celles, par exemple, du pourcentage de solvants pour réaliser ses mélanges. Au fil du temps, Olivier a également appris à sélectionner les fournisseurs, et à éviter les Chinois pour leurs stéroïdes, « de mauvaise qualité ». L'étudiant le reconnaît : « Quand certains de mes clients ont appris que je fabriquais moi-même les produits, j'en ai perdu. » Mais les principaux sont restés, se transformant souvent eux-mêmes en revendeurs.
Avec le recul, le jeune homme -- désormais délesté de ses 15 kg de muscles éphémères -- en a pris conscience : « Je sais que ce que je faisais était illégal, soupire-t-il. J'étais conscient que ça ne s'arrêterait qu'avec une arrestation. Si c'était à refaire, évidemment, je ne le referais pas. »
Source le parisien http://m.leparisien.fr/faits-divers...-gonflette-au-tribunal-13-11-2014-4288007.php
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