Bien comprendre le Travail de Nuit !

Adem95

membre approuvé
vétéran
« Some must watch while some may sleep ». Dement, W. C. (1972), San Francisco.
("Il faut que certains veillent pour que d’autres puissent dormir")


La société moderne tend à appliquer à "Monsieur Tout-le-monde" les rythmes des navigateurs solitaires et des pilotes d’avion.
Ce défi lancé aux lois de la nature concerne de plus en plus d’individus.
Certains sujets risquent plus que d’autres de "perdre l’équilibre" et de présenter un syndrome de désynchronisation-désadaptation (ou dissociation chronobiologique interne), avec malaise, fatigue et troubles fonctionnels.
Le travailleur de nuit doit pouvoir bénéficier des connaissances chronobiologiques indispensables à leur mode de vie atypique (avec les balanciers du sommeil en opposition de phase).

La pénibilité des horaires imposés devrait donner lieu à des compensations spécifiques.
À la lumière des connaissances somnologiques modernes, on pense que chacun n’a pas les mêmes capacités d’adaptation et qu’il existe donc de véritables "contre-indications génétiques" au travail posté.



Nb. En 2007 dans l’Hérault, plus d’une personne sur quatre travaille en horaire de nuit.
Voir la législation 2005 sur l’aménagement du temps de travail :handitrav.org.


"déterminez votre chronotype" ;

Par exemple, 30% des enfants souffrent de somnolence à l’école durant les premières heure de la journée parce qu’ils ont un profil de sommeil dit "du soir" (verspéral). (Source : congrès 2006 de la société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil).



... De nos jours, plus de 25% des travailleurs occupent des horaires atypiques
Diverses études indiquent que 20% des travailleurs postés changent de métier avant trois mois tandis que 10% déclarent ne rien trouver à redire à leurs conditions de travail.
Il en reste donc 70% qui tolèrent le travail posté mais qui ont diverses plaintes à formuler.

Ils doivent exploiter des performances individuelles indéniables pour ne pas souffrir d’un déficit qualitatif ou quantitatif de sommeil.


Il est possible de réduire son temps de sommeil mais il n’est pas possible de réduire son besoin de sommeil



balancierssoirNew-1d165.jpg


Le sujet du soir est particulièrement avantagé pour le travail de nuit (restauration, musicien, médecin...) parce que son sommeil diurne reste efficace.
Il est, par contre, pénalisé pour se lever aux horaires normaux le matin et présente une contre-indication aux postes matinaux car il a beaucoup de difficultés à s’endormir lorsqu’il doit se coucher tôt.




balanc_MatinNew-b4274.jpg

Le sujet du matin présente une contre-indication physiologique au travail de nuit car il est incapable de se reposer efficacement à contre-phase du rythme naturel.
Après une nuit blanche, il doit attendre le creux de 13 heures pour parvenir à s’endormir.

Il perd ainsi, en moyenne, 3 heures de sommeil par rapport à celui qui peut dormir dès le matin. Son sommeil diurne est par ailleurs de mauvaise qualité.



"Le travail de nuit appartient à ceux qui se couchent tard"



Travail posté.

C’est un rythme de travail tournant : (ex : trois fois huit) ou irrégulier
DODO_epuise_traits-4be13.jpg


Il pose pratiquement les mêmes problèmes que le « jet lag »
Ici, plus encore que pour le travail de nuit, la capacité du sujet à obtenir suffisamment de sommeil récupérateur dépend d’aptitudes individuelles et du respect des règles d’hygiène du sommeil.

En cas d’inadaptation, il se produit une dette de sommeil qui se manifeste par des troubles du caractère, des performances et de la mémoire, mais aussi des douleurs et des troubles fonctionnels neurodystoniques.
La parfaite connaissance des somnicaments couplée à de grandes performances individuelles permet de supporter ces rythmes anormaux pour l’organisme.
DODO_epuise_couleur-c28cf.jpg


Il faut par exemple favoriser le sommeil en phase descendante de la température et « gérer » la dette chronique de sommeil par des siestes de manière à conserver malgré tout une vie sociale normale.
Le navigateur solitaire en course est un cas particulier qui impose plus qu’ailleurs une parfaite connaissance des règles de la chronobiologie :
Les tranches horaires les plus propices à la récupération sont entre 3 et 6 heures du matin, et entre 14 et 18 heures. De courtes périodes de sommeil de l’ordre de 15 à 20 minutes ("sieste flash") ont également un effet bénéfique "en urgence" pour restaurer un niveau de vigilance correct.
.


Travail très matinal.

Le fait de se rendre à son travail avant 6 heures du matin est considéré comme du travail de nuit en Suisse (où la règlementation à ce sujet est restée plus stricte que celle de l’Union Européenne) et donne lieu à d’importantes compensations.
En France, le nouveau gouvernement propose l’apprentissage dès l’âge de 14 ans, ce qui entraine une autorisation bien trop précoce du travail de nuit.
Les travailleurs obligés de se lever très tôt contrarient leur sommeil puisqu’ils se réveillent à proximité du minimum thermique, quand la somnolence est au maximum.
DODO_somnambule_couleur-2-3bb61.jpg


Le réveil et la mise en jeu des "donneurs de temps" juste après ce point de la courbe de température (vers 04h), exercent un effet d’avance de phase sur le système, ce qui a naturellement tendance à donner sommeil plus tôt le soir.
En pratique le rythme de vie occidentale conduit à se coucher de plus en plus tard et il se produit chez 10 à 20 % de nos contemporains une dette de sommeil importante responsable d’accidents imputables à la somnolence.
NB. La somnolence n’est pas analogue à la fatigue et les sujets insomniaques la nuit ne sont en règle générale jamais victimes d’accidents (sauf ceux reliés aux somnifères !)

.


Travail de nuit
L’adaptation du travail de nuit ne dépend pas uniquement de l’application des règles comportementales d’hygiène du sommeil.
Les capacités individuelles à tolérer un rythme contraire à la nature diurne de l’espèce humaine sont très variables.

  • Selon nous il existe chez certains sujets de véritables contre-indications au travail de nuit. En pratique, il ne leur sera pas possible de s’adapter et ils seront, avant six mois, amenés à changer de profession sous peine de se trouver en arrêt-maladie.
  • Inversement, d’autres sujets font preuve dans ce domaine de compétences véritablement extraordinaires. Ces sujets, génétiquement très courts dormeurs se "contentent" d’un sommeil diurne (de mauvaise qualité) durant toute leur carrière.
    Souvent, ils consultent pour insomnie quand est venu le temps de dormir la nuit parce qu’il leur faut, en réalité, très peu de sommeil ...
    Copy_of_W_de_nuit-9d2a2.jpg

    Syndrome de desynchronisation-désadaptation
    La question était donc de savoir comment ont fait les gens qui sont physiologiquement capables de s’adapter au travail de nuit.
    Les conseils que l’on a tirés de leurs expériences ne sont donc valables que chez les sujets dont le sommeil est assez performant pour supporter une telle inversion de phase du sommeil.
    Rappelons qu’il existe des contre-indications au travail posté.

    Le principe est d’essayer de conserver des rythmes biologiques normaux tout en inversant le rythme du sommeil et sans accumuler de dette de sommeil.

    • Copy_of_reponse_en_phase-92b1c.jpg

      Effet de la lumière (et du sport) sur le rythme du sommeil : "courbe de réponse en phase".



      "Les variations individuelles de l’horloge permettent de comprendre que certaines personnes vont mieux tolérer que d’autres certains horaires. La nécessité d’une surveillance individuelle par la médecine du travail est obligatoire lors de changements de rythmes horaires. L’intolérance à un horaire peut être immédiate. Elle peut aussi se manifester après une longue période de latence".
      Dr D Leger

    • Garder le rythme en sachant gérer les "somnicaments".

      • Conserver un rythme d’alimentation "normal" durant le jour.
        Le repas (pris en famille) sera un fort signal diurne pour l’organisme qui conserve mieux son rythme naturel que si le principal repas a lieu la nuit.
        Le grignotage la nuit favorise beaucoup la prise de poids.
      • L’exposition à des lampes de luminothérapie, le soir (surtout en hiver), est bénéfique pour favoriser l’éveil (et contrecarrer le "marchand de sable") et contribuer à retarder le moment du minimum thermique vers la fin de la nuit, ce qui favorisera le sommeil au retour du travail.
        Voir l’article "luminothérapie"
      • Inversement, Le port de lunettes spéciales à lentilles orangées bloquant spécifiquement la lumière bleue-verte permet de limiter l’action de la lumière sur le système veille-sommeil permet une amélioration significative du sommeil.
        Voir l’article "Chromothérapie"
      • L’organisme est plus chaud en fin de journée, il est intéressant de profiter de cette "montée en pression" pour pratiquer un peu d’exercice avant de reprendre le travail.
        Les études démontrent que la pratique du sport favorise l’adaptation aux rythmes de sommeil imposés.
        On observe deux éléments qui contribuent à une bonne efficacité du sommeil de récupération.
        puce-32883.gif
        d’une part, la persistance des fluctuations de la température (rythme circadien) qui ont au contraire tendance à disparaître chez les sédentaires.
        puce-32883.gif
        d’autre part, durant la période nocturne de travail, le moment du minimum thermique survient plus tard et les sportifs s’endorment sur une fluctuation de température encore descendante alors que les sédentaires se couchent avec une température qui remonte.


        Études comparées des rythmes du sommeil de sportifs et de sédentaires en poste régulier de nuit.
        Canadian journal of applied physiology 2003, vol. 28, no6, pp. 831-887 [57 page(s) (article)] (4 p.1/2).
        Source
        " De toute évidence, la situation contradictoire qu’exerce le travail de nuit sur le fonctionnement biologique de l’homme va à l’encontre de sa spécificité diurne.
        Le but de cette étude est de mettre en évidence l’influence de la pratique sportive sur la résistance et la persistance du rythme circadien de la température ainsi que la qualité du sommeil chez des sportifs travaillant régulièrement de nuit.
        Pour répondre à nos hypothèses, des sujets sédentaires et sportifs travaillant la nuit ont été retenus pour cette étude.
        ...
        Il semble que les effets de l’entraînement physique améliorent certains caractères du fonctionnement biologique de l’homme : les amplitudes de la plupart des fonctions sont accentuées et les périodes (période = rythmes biologiques, Nda.) sont plus difficilement perturbées dans le cas de situations extrêmes (travail de nuit, jet-lag, privation de sommeil).
        Nos résultats montrent que les sportifs restent davantage synchronisés sur un rythme diurne".




      • Attention au café pris en fin de poste avant de rentrer chez soi. Le café diminue le sommeil profond et agit longtemps.
        Contrairement à ce qui se voit en pratique (les machines à café tournent à plein régime durant les postes de nuit) il ne faudrait pas consommer de café après minuit.
        Le café pris après la collation du soir est parfois utile pour compenser la somnolence physiologique de 2 à 4h du matin.
    • Priorité au sommeil.
      Se coucher le plus vite possible après le poste de travail (éviter de fumer, de commencer une tâche quelconque ou de faire de l’exercice.)
      (Il est préférable de manger en fin de poste avant de rentrer chez soi).

    • "Deux sommeils valent mieux qu’un".
      Il est fortement conseillé de se réveiller pour l’heure du repas vers 13 h et de profiter du pic de somnolence vers 15 h pour effectuer un deuxième sommeil sous forme d’une longue "sieste préventive" d’au moins 100 minutes.
      Si cela est possible durant la nuit, il est bon de mettre à profit les bienfaits d’une sieste courte.Quelques minutes suffisent à compenser un pic de somnolence excessive.


    Modélisation de l’équilibre veille-sommeil


    Le mouvement chaotique s’apparente aux états de dissociation interne rencontrés chez les sujets victimes d’inadaptation au travail posté ou après les décalages horaires (et les anesthésies générales).

    La "dissociation interne" se traduit par une plainte defatigue.
    De nombreux troubles fonctionnels rencontrés en médecine générale pourraient avoir leur origine dans des désordres chronobiologique de cette nature.


    Au Total
    Le travail posté nécessite des compétences somnologiques individuelles particulières.

    Les sujets du soir, souples et courts dormeurs sont avantagés car ils peuvent mieux supporter la dette de sommeil que constitue très souvent le travail posté.

    Nb. De tels sujets consultent parfois pour insomnie lorsqu’ils retournent à un rythme de sommeil normal car ils sont alors incapables génétiquement (insomnie constitutionnelle) de dormir autant qu’ils le souhaiteraient (insomnie de conditionnement).

    En dehors de ces exceptions, l’adaptation au travail posté impose une bonne connaissance des règles de régulation du sommeil.
    Le sujet qui veut contrôler son rythme de sommeil doit parfaitement "savoir dormir".
    La "Sieste" est un somnicament très précieux et efficace pour compenser la dette de sommeil inhérente à un rythme non physiologique de travail.
    La pratique d’un sport est également un atout validé pour améliorer la tolérance au travail de nuit.




    Réfléchissez sur votre rythme chronobioloqique à partir d’un test : "Quel dormeur êtes-vous donc ?", un outil interactif pour vous aider à déterminez votre chronotype.





    Source : http://www.sommeil-mg.net
 

RogueFazer

VIP
membre approuvé
vétéran
Nous ne sommes pas fait pour vivre , travailler, manger ... La nuit j'ai bossé 8 ans de nuit en en 12 heures sur 2 ou 3 nuits consécutives je connais bien le truc !

Il y a quelques temps de ça une réunion sur les dangers du boulot de nuit génial !!

Grossomodo d'après les statistiques tu perds environs 6 ans de vie à cause de tous les paramètre qui ce greffent aux métiers de nuit

Biologiquement parlant c'est vraiment pas top
 

Adem95

membre approuvé
vétéran
Ah quand même, 6ans ce n'est pas rien ..
Je boss aussi de nuit depuis que j'ai repris le boulot, mais j'ai un problèmes de vue en journée donc la nuit m'arrange de ce côté là

Après il y a plus d'inconvénient que d'avantage c'est vrai ..(vie social, sport, diète etc ...)
 

RogueFazer

VIP
membre approuvé
vétéran
oui c'est compliqué sur pas mal de points !


6 ans est une estimation , pour la diete c'est vraiment la merdouille ! levé a 16H30 petit dejeuner collation a 20H00 repas a 23 collation a 2H mangé a 5 mdrrr et une collation en rentrant a 7H00 avant de dodo super !


socialement ben t'es a l'envers enfaite tu bosses , les autres dorment etc etc
 

Crystal

- OFF -
Si vous le faites pour un salaire trés élevé, ça peut être un bon compromis. Moi meme, quand je fais mes chantiers de nuits ( parfois des bureaux, où les costards cravates veulent du calme comme à Michelin), je trouve que ça me regonfle. Dormir la journeé me fait du bien.

Je ne boss que 1 mois ou 2 à peine de nuit sur 1ans. Pas comme vous, toute l'année durant, où effectivement vos organismes doivent bien souffrir.
J'espère que vous gagniez bien vos vies, contrairement à certains amis qui ne gagne que les primes de nuit, et prime de roulement de postes qui ne vont pas chercher bien loin malheureusement...
Perdre de l'espérance de vie á cause des horaires de Taf est bien malheureux, si au moins en échange tu as un salaire décent.

Pour le body, ça doit pas vraiment être facile... Vous vous entraînez en sortant du Taf, ou au réveil l'après-midi?

Courage.. :)
 
Dernière édition:
I

invité

je connais pas mal de monde dans ma salle qui viennent s'entrainer très tôt après avoir bossé la nuit.
 

Burattino

UNSTOPPABLE
membre approuvé
vétéran
Pour le coup de la réduction de l'espérance de vie il me semble qu'il s'agit des horaires tournantes genre en 3x8. Là effectivement c'est de la grosse merde que personne ne devrait accepter.
Mais pour le 100% nuit ou tôt le matin tant que c'est régulier y a pas de problème, ça dépend seulement des personnes, je connais pas mal de personnes qui ne changeraient leurs horaires pour rien au monde, meilleur salaire, du temps pour soi l'après-midi donc plus de facilité pour les rdv médicaux, démarches administratives, moins de monde dans les magasins etc.

Après pour la vie de famille c'est plus compliquée mais bon, encore une fois ça dépend des personnes.
 

Adem95

membre approuvé
vétéran
Moi perso je ne travaillerais pour rien au monde la journée sauf obligation bien sûr !
Je gagne mieux ma vie, comme je suis sur la route ba la nuit il n'y a personne donc je suis moins stressé ..

Moi j'ai fais le choix de ne pas dormir direct le matin donc je fais mon training en sortant du boulot, je reste avec les enfants etc jusqu'a 13 voir 14h puis dodo jusqu'a 21h
 
Retour
Haut